Un album pour s'élancer dans une galaxie dédiée à l'écrivain de la Belle époque, un autre pour parvenir à refermer cette séquence et ne pas y dédier une vie, tant le sujet semble proche de l'i.n.f.i.n.i....
Le vendredi 17 novembre 2023, veille du 101e anniversaire de la mort de Marcel Proust, Brume Parole vient clore son cycle ouvert pour le centenaire. Après l'album blanc Recherche Proust paru un an plus tôt, voici donc l'album noir Retrouve Proust.
Une relecture French Touch de A la recherche du Temps perdu, dont les paroles sont écrites dans une démarche de cut-up, en prélevant des échantillons textuels pour former des chansons-concepts électro pop.
Piste par Piste :
L'envol se fait délicat, à la rencontre des Espaces vides pour une introduction planante, « comme une brume épaisse sur l'océan et qui supprime les points de repères des choses ».
Nous filons alors Hors de nous afin de nous « dérober à nos propres regards », tentant ainsi de « retrouver l’être que nous fûmes ». L'auditeur est désormais prêt à Lire en soi-même sur le dancefloor pour un track épique. Les mots de Marcel Proust deviennent gimmick et flirtent ici avec l'énergie techno de Berlin.
La poésie électronique s'étend le long d'une plage avec Fred Nevché. Dans la glace oblique débute par le célèbre incipit d'A la recherche du temps perdu (« Longtemps je me suis couché de bonne heure... ») et explore la géométrie : les deux chanteurs deviennent le reflet l'un de l'autre, à travers l'espace et le temps. La poussière des réalités se laisse alors entrevoir, « mêlée de sable magique ».
Les aéroplanes décollent « dans le ciel sectionné, comme une pâle poussière d’astres, d’errantes voies lactées. » Par l'art seulement constitue pour Panpan et Brume Parole bien plus qu'une chanson. La formule guide en effet le quotidien car « cet art exprime pour les autres et nous fait voir à nous-même notre propre vie ». Enfermé dans le présent est une « drunk song » inattendue chez Proust. La musique transcrit l'ivresse : la mélodie devient trouble, la pulsation s'intensifie, climax...
Afin de faire le point, les paroles de la piste suivante sont écrites à partir du fameux questionnaire de Proust. L'album se termine par une chanson d'amour absolument « frenchy » : Profonde Albertine. Le son prend cette couleur Stranger Things qui ajoute au mystère de la relation amoureuse, profondément liée à la mort. « J'avais le vertige de voir au-dessous de moi... »
Intimate downtempo electro-R&B from the Montreal singer-songwriter, honestly addressing themes of vulnerability and self-protection. Bandcamp New & Notable Apr 30, 2019